7

Lestat :
le Royaume des Cieux

Les Caraïbes. Haïti. Le Jardin de Dieu.

Au sommet de la colline que baignait le clair de lune, j’essayais d’oublier ce paradis. J’essayais d’imaginer les êtres que j’aimais. Étaient-ils toujours rassemblés dans cette gigantesque forêt de conte de fées où ma mère m’était apparue ? Si seulement je pouvais voir leurs visages, entendre leurs voix. Marius, ne joue pas les pères courroucés. Aide-moi plutôt ! Aide-nous ! Je me débats, mais je suis perdu. Je perds mon âme, mon esprit. Mon cœur a déjà cédé. Il lui appartient.

Mais ils étaient inaccessibles ; des milliers de kilomètres nous séparaient ; mon esprit ne pouvait décrire une telle parabole.

Je laissai errer mon regard sur ces collines verdoyantes, maintenant piquetées de fermes minuscules. Un monde de livres d’images où les fleurs croissaient à profusion, l’euphorbe pourpre aussi haute qu’un arbre. Et où les nuages capricieux dérivaient poussés comme de grandes voiles par la brise. Qu’avaient pensé les premiers Européens en posant le pied sur cette terre féconde que ceinturait une mer scintillante ? Qu’ils avaient découvert l’Éden ?

Et dire qu’ils y avaient semé la mort. La population indigène anéantie en l’espace de quelques années, décimée par l’esclavage, la maladie, les mauvais traitements. Plus un seul descendant ne restait des êtres paisibles qui avaient respiré cet air embaumé, cueilli les fruits qui mûrissaient à longueur d’années, et peut-être vénéré leurs visiteurs comme des dieux.

A présent, dans les rues de Port-au-Prince sévissaient les émeutes et la mort. Un fléau dont nous n’étions pas responsables. L’histoire immuable de ce lieu ensanglanté où la violence avait fleuri durant quatre siècles comme éclosent les fleurs. Et pourtant la vision de ces vallons qui émergeaient de la brume poignait le cœur.

Nous n’en avions pas moins accompli notre tâche – elle, parce qu’elle s’en était chargée, moi, parce que je n’avais rien fait pour l’en empêcher – dans les hameaux éparpillés le long de la route sinueuse qui menait à cette crête boisée. Des maisonnettes aux tons pastel, des bananiers sauvages, des gens misérables, affamés. Encore maintenant, les femmes continuaient à chanter leurs cantiques, à enterrer leurs morts à la lueur des bougies et des flammes qui dévoraient l’église.

Nous étions seuls. A l’écart de la route étroite, au milieu de la forêt où se dissimulaient les ruines de cette vieille maison, jadis citadelle dominant la vallée. Les planteurs avaient déserté cet endroit depuis des siècles ; ils ne valsaient plus en buvant leur vin dans ces pièces éventrées tandis que gémissaient leurs esclaves.

Le long des murs de brique grimpaient les bougainvilliers, phosphorescents sous la lumière de la lune. Un grand arbre chargé de fleurs argentées avait poussé, soulevant les dalles de pierre, écartant de ses branches noueuses les vestiges de la charpente qui autrefois soutenait le toit.

Ah, demeurer toujours là avec elle. Effacer le reste. Plus de mort, plus de massacre.

Dans un soupir, elle murmura :

— Nous sommes au royaume des Cieux.

Dans le village, en bas, les femmes, pieds nus et armées de gourdins, avaient pourchassé les hommes. Et le prêtre vaudou les avait maudites en hurlant lorsqu’elles l’avaient cerné dans le cimetière. J’avais fui cette scène de carnage et grimpé seul dans la montagne. Ivre de rage, incapable d’assister plus longtemps à ces horreurs.

Elle m’avait rejoint ensuite dans ces décombres où je me raccrochais aux vestiges d’un univers qui m’était compréhensible. La vieille grille en fer forgé, la cloche rongée par la rouille, les colonnes enfouies sous la vigne vierge – des objets façonnés par la main de l’homme, et qui avaient survécu.

Oh, comme elle s’était moquée de moi ! La cloche avait servi à appeler les esclaves ; l’habitation avait appartenu à ceux qui avaient noyé cette île dans le sang. Pourquoi les chants de ces âmes candides m’avaient-ils heurté et conduit jusqu’ici ? Puissent toutes les maisons de ces bourreaux s’effondrer, elles aussi. Nous avions eu une dispute. Une vraie dispute d’amoureux.

— C’est ça ce que tu désires, ne plus jamais goûter au sang ? m’avait-elle lancé.

— J’étais quelqu’un de simple, de dangereux oui, mais de simple. Je ne tuais que pour subsister.

— Oh, tu m’affliges avec tes mensonges. Comment te faire comprendre ? Tu es si borné, si égoïste !

De nouveau, la souffrance sur son visage, cet éclair de douleur qui la rendait humaine. Je m’étais jeté dans ses bras.

Et nous étions demeurés blottis l’un contre l’autre, des heures durant, m’avait-il semblé.

Maintenant, la paix, le calme nous enveloppaient. Je quittai mon belvédère pour la serrer encore une fois contre moi. Je l’entendis répéter, les yeux levés vers les hauts nuages que perçait la clarté mystérieuse de la lune :

— Nous sommes au Royaume des Cieux.

Le bonheur de la tenir enlacée éclipsait tous les autres. Et j’avais bu ce pur nectar, son nectar, les joues inondées de larmes, songeant, voilà, tu es en train de te dissoudre comme une perle dans le vin. Tu n’existes plus, petit démon, mets-toi bien ça dans la tête, elle t’a dévoré. Tu es resté là, à les regarder mourir ; tu es resté et tu as regardé.

— La vie est inséparable de la mort, chuchota-t-elle à mon oreille. J’incarne la voie du salut, l’espoir d’une existence sans lutte.

Je sentis ses lèvres sur ma bouche. Je me demandai si elle referait jamais les mêmes gestes que dans le mausolée. Nous unirions-nous dans la même étreinte passionnée, échangeant nos sangs enflammés ?

— Tu entends les chants dans le village ?

— Oui.

— Alors essaye de capter les bruits de la ville, plus loin. Tu sais combien d’habitants sont morts cette nuit dans ces rues ? Combien ont été massacrés ? Tu sais combien d’autres mourront des mains de leurs semblables si nous ne changeons pas le destin de cet endroit ? Tu sais depuis combien de temps dure ce génocide ?

Des siècles auparavant, à l’époque de mon existence mortelle, cette île avait été le plus beau fleuron de la couronne de France. Le tabac, l’indigotier, le café y poussaient à profusion. Des fortunes s’y bâtissaient en une saison. Et maintenant, les gens se nourrissaient de racines, ils marchaient pieds nus dans les rues de terre battue de leurs villages ; les mitrailleuses crépitaient dans la ville de Port-au-Prince ; les morts s’empilaient sur les pavés dans leurs chemises de coton bariolées. Les enfants recueillaient l’eau des caniveaux dans des boîtes de conserve. Les esclaves s’étaient rebellés ; ils avaient gagné ; ils avaient tout perdu.

Mais c’était leur destin ; leur univers, à eux, les humains.

Elle eut un petit rire.

— Et nous alors, que sommes-nous ? Ne servons-nous à rien ? Comment justifier notre existence si nous demeurons impassibles face à ces atrocités ?

— Et si tu avais tort, si tu ne faisais qu’empirer le sort de ces malheureux, que semer l’horreur ? Si ton projet était irréalisable, tu y as réfléchi ? Tous ces hommes dans leurs tombes, le monde transformé en un immense cimetière, un bûcher funéraire ? Et aucun progrès. Une erreur, une erreur monstrueuse.

— Qui te raconte ces sornettes ?

Je ne répondis pas.

— Marius ? (Comme son rire était méprisant !) Finiras-tu par comprendre qu’il n’y a plus de pères ? Courroucés ou non ?

— Nous sommes tous frères et sœurs. Et chacun découvre en l’autre un père ou une mère, tu ne crois pas ?

Elle s’esclaffa gentiment.

— Tous frères et sœurs ! Tu aimerais les voir, tes frères et sœurs véritables ?

Je relevai ma tête enfouie au creux de son épaule et lui embrassai la joue.

— Oui, j’aimerais. (Mon cœur battait plus fort :) Je t’en prie, insistai-je tout en effleurant de mes lèvres sa gorge, ses pommettes, ses paupières. Je t’en prie.

— Alors, bois, murmura-t-elle.

Je sentis ses seins se durcir contre ma poitrine. J’appuyai mes dents sur sa gorge, et une fois encore le miracle se produisit, la chair s’ouvrit et le liquide jaillit dans ma bouche.

Une lame brûlante me consuma. Plus de pesanteur ; plus de temps ni de lieu. Akasha.

Puis, les séquoias m’apparurent. La maison illuminée, et dans la pièce en haut de la montagne, la table où ils étaient tous assemblés, le reflet de leurs visages dans les parois de verre sombre, les flammes dans la cheminée. Marius, Gabrielle, Louis, Armand. Réunis, sains et saufs ! Étais-je en train de rêver ? Ils écoutaient parler une femme rousse. Je connaissais cette femme ! Je l’avais déjà vue.

Dans le rêve des jumelles.

Mais je veux m’imprégner de cette scène – les immortels regroupés autour d’une table. La jeune fille rousse, celle à côté de la femme, je l’ai déjà vue, elle aussi. Elle était vivante alors. Oui, au concert rock, devant la foule délirante, j’avais refermé mes bras autour de sa taille et plongé mon regard dans ses yeux fous. Je l’avais embrassée, j’avais prononcé son nom. Un gouffre se creusait sous moi, je m’abîmais dans ce rêve des jumelles dont je ne parvenais jamais à me souvenir avec précision. Des fresques. Des temples.

Tout s’évanouit brusquement. Gabrielle. Ma mère. Trop tard. J’émergeais de l’obscurité.

Tu possèdes tous mes pouvoirs, désormais. Avec le temps, tu les perfectionneras. Tu peux tuer, mouvoir la matière, engendrer le feu. Tu es prêt pour rejoindre tes frères. Mais nous attendrons qu’ils en aient terminé avec leurs rêveries, leurs complots et leurs discussions stériles. Nous leur montrerons de quoi nous sommes capables...

Non, Akasha, je t’en conjure, rejoignons-les tout de suite.

Elle s’écarta et me frappa.

Sous le choc, je vacillai. Glacé, frissonnant, je sentis la douleur sur ma joue, comme si ses doigts y avaient été marqués au fer rouge. Furieux, je serrai les dents, tandis que la vague brûlante me submergeait puis s’apaisait.

D’un pas vif, sa longue chevelure flottant dans son dos, elle traversa la pièce dallée et s’arrêta devant la grille à demi écroulée, les épaules hautes, la nuque courbée, comme si elle se repliait en elle-même.

Les voix s’élevèrent, vibrantes, avant que je ne puisse les contenir. Puis elles refluèrent, telle une rivière qui se retire après la crue.

La colline, la maison en ruine m’encerclaient de nouveau. Mon visage ne me brûlait plus, mais je tremblais encore.

Elle se retourna vers moi, les traits tendus, le regard durci.

— Tu tiens donc tellement à eux ? Qu’espères-tu de cette rencontre ? T’imagines-tu que Marius me fera renoncer à mon projet ? Je le connais mieux que tu ne pourras jamais le connaître. Je connais chacun des méandres de sa pensée. Il est aussi avide que toi. Pour qui me prends-tu ? Pour une girouette que chacun manœuvre à sa guise ? Je suis née reine. De tout temps, j’ai gouverné – même dans le mausolée. (Ses yeux s’éteignirent soudain, les voix bourdonnèrent à mon oreille.) J’ai régné, ne serait-ce qu’en légende ; ne serait-ce que dans les esprits de ceux qui venaient me payer tribut, les princes qui m’apportaient leurs offrandes, leurs hymnes et leurs prières. Que veux-tu de moi ? Que je renonce pour toi à mon trône, à mon destin ?

Que pouvais-je répondre ?

— Tu lis dans mon cœur, dis-je. Tu sais ce que je veux, que tu les rencontres, que tu leur permettes à eux aussi de s’exprimer. Ils possèdent des mots que je ne possède pas. Ils savent des choses que je ne sais pas.

— Mais je ne les aime pas, Lestat. Je ne les aime pas comme je t’aime. Que m’importent leurs discours. Je n’ai pas de temps à perdre avec eux !

— Tu as pourtant besoin d’eux. Tu me l’as dit. Tu les appelais tes anges. Sans eux, tu ne peux rien entreprendre. Je ne parle pas de tes incursions dans ces villages arriérés, mais dans les villes où les gens se rebelleront.

Elle hocha tristement la tête.

— Je n’ai besoin de personne, sauf... sauf...

Elle hésita, ses traits se figèrent de surprise.

Un petit soupir m’échappa. Un soupir d’impuissance. Je crus distinguer une ombre dans son regard ; il me sembla que les voix l’assaillaient de nouveau, qu’elle me fixait sans me voir.

— Tous, je vous détruirai, si j’y suis contrainte, murmura-t-elle, ses yeux cherchant fébrilement les miens. Crois-moi. Car cette fois-ci, personne ne me vaincra ; je ne reculerai pas. Mes rêves se réaliseront, j’y veillerai.

Je détournai la tête et contemplai la vallée, par-delà la grille, le bord effondré de la falaise. Étais-je disposé à sacrifier ma propre vie pour me délivrer de ce cauchemar ? Les joues baignées de larmes, je continuai à regarder les champs plongés dans l’obscurité. Quel lâche j’étais de songer à cette échappatoire. J’étais responsable, je ne m’en tirerais pas à si bon compte.

Immobile telle une statue, elle écoutait la clameur du monde. Puis elle cligna lentement des paupières et remua les épaules comme si un fardeau l’écrasait sous son poids.

— Pourquoi refuses-tu de croire en moi ? souffla-t-elle.

Elle chancela presque quand je lui saisis les bras.

— Renonce à ces chimères, dis-je. Ce lieu est sans âge ; ces villages misérables que nous avons asservis n’ont pas changé depuis des siècles. Laisse-moi te faire découvrir mon univers, Akasha. Une infime partie de cet univers ! Faufilons-nous ensemble comme des espions dans les villes ; non pour détruire, mais pour explorer !

Une lueur brilla dans sa pupille, son énergie lui revenait. Elle m’enlaça. Et j’eus soudain envie de son sang. Ce désir m’obnubilait, en dépit de mes efforts pour y résister, du désespoir dans lequel me plongeait mon manque de volonté. Je voulais son sang. Je la voulais, elle. Cependant, des rêves anciens me montaient à la mémoire, des images lointaines où je me voyais la réveillant, l’entraînant dans les musées, les concerts, les cités foisonnantes de tous ces chefs-d’œuvre impérissables conçus par l’homme, ces objets qui transcendent le mal, les fautes, la faillibilité de l’être humain.

— Mais en quoi me concernent ces créations dérisoires, mon amour ? murmura-t-elle. Tu m’enseignerais ton univers ? Quelle présomption ! Le temps n’a pas prise sur moi.

Cependant, son visage était infiniment triste.

— J’ai besoin de toi, reprit-elle à voix basse.

Et pour la première fois, ses yeux s’emplirent de larmes. Sa douleur m’était insupportable. Je frissonnai, comme lorsque la souffrance vous saisit. Mais elle posa ses doigts sur mes lèvres pour me calmer.

— Très bien, mon amour. Nous rejoindrons tes frères et sœurs, puisque tel est ton souhait. Mais d’abord, laisse-moi te serrer contre mon cœur. Tâche de comprendre, je ne puis être autre. Tu as éveillé avec tes chants ma nature profonde !

Je voulus protester, reprendre la controverse qui nous diviserait, la meurtrirait. Mais les mots me désertaient. Et soudain j’eus un éclair de lucidité.

Je tenais le moyen de l’arrêter. Je possédais la clé. Et cette clé avait toujours été à portée de ma main. Ce n’était pas l’amour que je lui inspirais. C’était ce besoin qu’elle avait de moi. Ce besoin d’un allié parmi ses pairs, d’une âme à sa mesure. Elle avait cru pouvoir me façonner à son image, et maintenant elle savait qu’elle avait échoué.

— Tu te trompes, dit-elle. Tu es seulement jeune et effrayé. (Elle sourit à travers ses larmes :) Mais tu m’appartiens. Et s’il le faut, mon prince, je te détruirai.

Je me tus. J’étais convaincu d’avoir deviné juste. J’en étais convaincu, même si elle refusait de l’admettre. Durant tous ces interminables siècles d’immobilité, jamais elle n’avait été aussi seule, jamais elle n’avait autant souffert de la solitude. Oh, ce n’était pas uniquement parce qu’alors Enkil était à ses côtés et que Marius venait disposer les offrandes devant le banc royal. Non, c’était quelque chose de plus profond, d’infiniment plus important – jamais encore elle n’avait guerroyé seule au nom de la raison !

Les larmes coulaient sur ses joues. Deux filets écarlates. Sa bouche était entrouverte, ses sourcils froncés, mais son visage rayonnait du même éclat.

— Non, Lestat, répéta-t-elle. Tu te trompes. Néanmoins nous devons en terminer. S’il faut qu’ils meurent pour que tu me restes fidèle, ils mourront.

Elle m’ouvrit les bras, je fus tenté de fuir, de me rebeller contre elle, contre ses menaces. Cependant je ne fis pas un mouvement tandis qu’elle se rapprochait.

La douce brise des Caraïbes ; ses mains sur mes reins, ses doigts dans mes cheveux. Le nectar qui m’emplissait, irriguait mes veines. Et ses lèvres sur ma gorge ; la morsure soudaine. Oui ! Comme dans le mausolée, il y avait si longtemps. Oui ! Nos deux sangs mêlés. Et le battement assourdissant de son cœur. L’extase. Pourtant, jamais je ne fléchirais. Je ne ferais pas ce qu’elle exigeait. Et elle le savait.

 

La Reine des Damnés
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